Pour transformer une société de manière durable, il est nécessaire de construire une démarche, et une utopie. La plupart des partis actuels n’ont pas su ou voulu se remettre en question une fois leur utopie réalisée ou dépassée, ils s’attachent simplement a conserver leur position et deviennent réactionnaires.
Les mouvements, tel que ceux qui ont émergé ces dernieres années, sont confrontés à deux réalités, l’une institutionnelle, et l’autre philosophique. La première, qui est o combien castratrice, représente le challenge de transformer la volonté et l’énergie d’un mouvement en action politique efficace en se confrontant au monde politique établi. La seconde est liée à l’appel d’air créé par l’émergence de chaque mouvement, où les dogmatiques de tout bord s’engouffrent pour essayer de s’accaparer le mouvement emergeant. Les effets de ces deux phénomènes provoquent un désabusement rapide, et la disparition à plus ou moins brève échéance du mouvement sans pour autant voir de résultats concrets.
Le parti pirate a été victime de ces phénomènes. Pour les surmonter, en tant que directeur politique, j’ai initié deux énormes chantiers, le premier sur l’identité du parti, et y intégrant sa démarche, son essence, son modèle de relation de l’individu aux institituions et le second permettant de faire émerger une vision sociale.
Est-ce là compromettre l’essence d’un mouvement? Certains répondront d’un oui vindicatif, en affirmant qu’un mouvement n’a ni dieu ni maître, seulement des porte-paroles, dont ils seront les premiers à s’arroger le rôle. D’autres chercheront à rester dans un champs d’actions où seules des causes isolées devront être soutenues dans un activisme effréné.
Aujourd’hui pour mener à bien un projet politique simple en Suisse que ce soit une initiative comme marche blanche, ou plus prosaïquement une plage publique, il faut 2 décennies. Pour arriver à tenir sur une telle durée, il est nécessaire d’avoir une structure ayant des buts clairs avec une façon de fonctionner qui est également clairement établie.
Un mouvement politique pour réaliser son utopie nécessite plus d’un siècle et demi, mais pour cela il a besoin de structure, et de pouvoir transmettre ses ideaux et sa vision d’une génération à l’autre, c’est ce que les radicaux ont réussi en Suisse. C’est un des rares mouvements politiques dont l’utopie s’ est complètement réalisée.
Il y aura toujours des courants differents dans un mouvement politique, mais pour arriver à obtenir les changements souhaités il faut du temps.
Pour garantir la pérennité des idees, il faut un vaissraux qui puissent traverser les crises et les générations, à defaut de meilleures solutions et avant d’en faire une église, il est possible d’en faire un parti politique utilisant les outils de notre temps pour donner aux membres les moyens d’agir efficament, et porter avec succès leurs idées et revendications dans le monde complexe et formaté de nos institutions démocratiques.
Guillaume Saouli